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Pour deux raisons au minimum.

D'abord parce que j'aime voir la beauté partout, y compris cachée derrière des vitrines théoriquement vouées à faire du commerce plutôt que de la poésie.

Pourtant, pour un peu qu'on s'attarde sur les nombreux détails qui sont susceptibles d'attirer l'attention du chaland, il n'est pas rare d'assister à l'une ou l'autre manifestation du hasard permettant d'admirer un spectacle nouveau ou différent derrière une vitrine à l'interactivité insoupçonnée. Que ce soit avec le concours du soleil, d'une lampe défectueuse ou d'un objet posé au mauvais endroit, toute scénarisation inopinée est potentiellement une raison supplémentaire de faire le lèche-vitrine.

Il y a plus d'un siècle, Oscar Wilde faisait déjà constater à la planète entière que la beauté est dans les yeux de celui ou celle qui regarde.

La deuxième raison qui me motive dans ce projet est plus sociale qu'artistique.

Les petits commerces étant de plus en plus menacés par une mondialisation à la gourmandise sans limites, leur mise en lumière tient pratiquement plus de l'archéologie anticipée que de la performance artistique. Pousser les gens à se rendre compte qu'ils sont entourés de beautés insoupçonnées tant qu'elles tiennent encore debout me semble essentiel.

Depuis que j'ai démarré mon projet il y a environs dix ans, plus de la moitié des magasins dont j'ai loué les bonnes surprises esthétiques ont mis la clef sous le paillasson.

Puisse les petits commerces subsister le plus longtemps possible et nous permettre de profiter de leurs trésors uniques.